Tout commence avec un rien [Libre]

[Charlie Scarlett Davis]

Intéressant.

Déjà, l’utilisation de ce mot était relativement assez intéressante. À lui seul, il pouvait dire pas mal de chose. Intéressant, dans le genre de « Ah, vraiment ! Ça alors, c’est vraiment intéressant. Dit, tu peux m’en dire encore plus ? Parce que, franchement, j’aimerais vraiment en apprendre plus. » Là, c’était le sens positif, celui que les gens avait tendance à interpréter, mais tout laissait tout de même à penser que la personne qui le disait n’était peut-être pas véritablement de cet avis. Parce qu’il fallait l’avouer, quand une personne sortait le mot « intéressant » dans une phrase, il y avait tout à penser que le véritable sens de ce mot était « J’men fiche ! Allez, ferme-toi. Je veux plus en savoir. Tu me tapes sur le système ! » ou bien « Tu crois que ça m’intéresses vraiment sale con ? Non, mais tu ne vois pas que je suis en train de me foutre de ta sale tronche de troll ? ». Bien sur, il y avait plus que ces trois définitions, mais vu leur nombre un peu trop élevé, en faire la liste complète relèverait d’un défi que je n’avais point envie de réussir. Et puis, ces trois définitions étaient les plus courantes.

Dans le cas qui nous intéressait, soit dans mon cas, et bien aucune de ces trois définitions ne s’appliquait réellement. En fait, j’utilisais ce mot pour parler d’une situation ou plutôt pour décrire une situation. Là, ça devenait vraiment intéressant. D’accord, j’allais essayer d’arrêter d’utiliser ce mot à chacune de mes phrases, mais je trouvais cela assez marrant. La preuve que ce n’était pas tout le monde qui avait le même sens de l‘humour…ou qui en avait tout simplement un. Quoi qu’il en fût, la situation devant moi était…captivante. C’était un beau synonyme, pas vrai ? Mais il n’allait pas aussi bien à la situation que le mot « intéressant », ça c’était en certitude que j’avais. J’en étais aussi certaine que j’étais certaine que j’ai je décidais d’arrêter de respirer, j’allais en crever. Mais bon, je n’allais pas en faire une crise.

Il était là, grand et mince. Dit comme cela, on pouvait avoir l’impression que j’allais me mettre à parler d’un vulgaire balai, ce qui n’aurait pas été trop con vu que j’étais la concierge de Poudlard, mais quand même. Je n’étais pas comme certains professeurs ou membres du personnel de cet endroit pour qui leu conversation se résumait à parler toujours et encore de leur merlin de travail à la noix. Non., je parlais d’un élève de l’école. Il était grand et mince, un peu comme un balai, je dois l’admettre. Son teint était pâle comme celui d’un fantôme, sauf qu’il était bel et bien vivant. La preuve ? Contrairement à un fantôme, lorsqu’un livre lui était lancé, il ne le traversait pas, mais il le frappait de plein fouet. Et en quoi un élève qui se faisait balancé des livres sur lui pouvait être captivant ou intéressant ? Et bien quand l’élève en question qui devait être en sixième ou en septième année se faisait embêter par des petits monstres de première année, moi je trouvais cela très intéressant. Encore un autre enfant dont les parents avaient oublié de lui apprendre à se défendre. Et moi, je ne faisais rien pour lui venir en aide ? Bah, qu’aurais-je pu faire ? Il n’y avait pas un seul chat, souris ou même insecte qui daignait respecter mon autorité, pour le simple fait que je n’en avais aucune. Et puis, ce n’était pas en se faisant tout le temps défendre que ça allait aider ce gars. Au moins, il pouvait se compter chanceux. Aucun des trois jeunes Serpentard (il y avait juste eux pour être comme cela ne lui avait lancé « Attention, il va exploser ! » à cause de sa chevelure rousse. Et puis, à mon humble avis, ça ne datait pas de hier. Il devait se faire embêter depuis qu’il était au monde. Il y avait des personnes pour quoi la situation n’allait jamais changer. Elles étaient nées pour que le monde entier puisse se moquer de leur sale gueule. C’était comme cela.

Les trois jeunes finirent par s’en aller, mais ils ne s’en allèrent pas seule. Moi, je disais que ça sentait la toilette. Non, je n’étais pas devenue une experte toilette depuis que je travaillais ici, mais je connaissais bien les jeunes, leurs techniques… On n’aurait pas dit cela comme cela, mais je n’étais pas si vieille. J’avais juste 24 ans et j’avais étudié à Poudlard, donc ce n’était pas la première fois que je voyais des choses comme cela. D’ailleurs, une question intéressante pouvait germer dans la tête vide de certains étudiants. Si j’avais réellement étudié à Poudlard, dans quelle maison j’avais fais mes études ? C’Était une belle question, mais je n’étais pas pour donner une réponse comme cela, aussi rapidement et facilement quand même ! D’ailleurs, j’avais un magnifique mur que je devais finir de nettoyer. Ça, c’était des élèves que les parents avaient oublié d’informer que l’on ne devait pas écrire sur les murs. Et encore moi ce genre de message. D’ailleurs, j’avais pris un peu de regard à cause de ce que je venais de voir. Pas facile de se concentrer avec une telle situation en plein sous le nez.